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Pauvreté infantile

La pauvreté en Belgique et la pauvreté infantile

Qu’est-ce que recouvre la notion de « pauvreté » ?

La pauvreté est mesurée à l’aide d’un indicateur synthétique : le taux de risque de pauvreté et d’exclusion sociale (AROPE). Cet indicateur est calculé sur base de trois sous-indicateurs : le taux de déprivation matérielle sévère (SMD) ; le taux de très faible intensité de travail (LWI) ; et le taux de risque de pauvreté (AROP). Une personne est donc considérée comme à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale si elle est touchée par au moins l’une de ces trois dimensions de la pauvreté.

En 2018, 19,8% de la population belge est en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, soit 1 personne sur 5. Donc proportion légèrement plus basse que  la moyenne européenne qui a été évaluée en 2018 à 21,7%. Mais 26,2% des personnes vivant en Wallonie et  38% en Région de Bruxelles-Capitale, soit près de 2 personnes sur 5.

Qu’est-ce que le taux de déprivation matérielle sévère ?

Le taux de déprivation matérielle sévère (SMD) = mesure absolue de la pauvreté d’existence. Est considéré comme étant en situation de privation matérielle sévère, l’ensemble des personnes vivant dans un ménage qui ne peut pas, pour des raisons financières, se permettre quatre des neufs biens et services suivants considérés essentiels pour vivre selon le « standard » européen :

  • Ne pas avoir d’arriérés de paiement ;
  • pouvoir chauffer correctement son logement ;
  • être en mesure de faire face à des dépenses imprévues ;
  • manger un repas avec des protéines tous les 2 jours ;
  • partir une semaine en vacances par an (si souhaité) ;
  • posséder une télévision couleur (si souhaité) ;
  • posséder un lave-linge (si souhaité) ;
  • posséder une voiture (si souhaité) ;
  • posséder un téléphone (si souhaité).

En Belgique, en 2018, ça concerne 4,9% de la population belge. Notons une forte disparité selon les régions, 2% pour la Flandre, 8.2% pour la Wallonie et 9.8% à Bruxelles.

Remarque : depuis 2019, s’ajoutent des privations sociales telles que retrouver des amis ou sa famille autour d'un verre ou d'un repas au moins une fois par mois ou participer de manière régulière à une activité de loisirs telle que sport, cinéma, concert...

Qu’est-ce que le taux de très faible intensité de travail ?

Le taux de très faible intensité de travail (LWI) = une personne est considérée comme ayant une très faible intensité de travail si elle vit dans un ménage dont les membres en âge de travailler (personnes âgées de 18 à 59 ans) ont une intensité de travail, au cours des 12 derniers mois, inférieur à 20% (+/- 2 mois et demi), soit un indice de 0,2 [1].

En 2018, la part de la population belge en âge de travailler vivant dans un ménage à faible intensité de travail était de 12,1%, de 6,8% en Flandre, de 17.7% en Wallonie et de 23% à Bruxelles. Cet écart s’explique en partie par une différence de taux d’emploi entre les régions.

 

[1] Sont exclus de cette mesure les étudiants de 18 à 24 ans ; les ménages composés exclusivement de mineurs (- de 18ans), ainsi que les personnes âgées de 60 ans et plus.

Qu’est-ce que le taux de risque de pauvreté ?

Le taux de risque de pauvreté (AROP)  = indicateur qui mesure le pourcentage de la population vivant dans un ménage dont le revenu disponible équivalent [1] est inférieur au seuil de pauvreté.

Le seuil de pauvreté est fixé à 60% du revenu disponible équivalent médian national après transferts sociaux [2]. Ainsi, en 2018 le revenu médian disponible au niveau national était de 23.744 euros. Le seuil de pauvreté était donc fixé à 14.246 euros net par an pour une personne isolée (1.187 euros net par mois) et à 29.918 euros net par an pour un ménage de deux adultes et de deux enfants de moins de 14 ans (2.493 euros net par mois). [3]

En Belgique, en 2017 [4], 16,4% de la population présente un risque de pauvreté monétaire. Ce pourcentage grimpe jusqu’à 21,8% en Wallonie et 32,6% à Bruxelles contre 10,4% pour la Flandre.

 

[1] Le revenu disponible équivalent est le revenu total d’un ménage, après impôt et autres déductions, disponible en vue d’être dépensé ou épargné, divisé par le nombre de membres du ménage converti en équivalents adultes

[2] Transferts sociaux : les pensions de retraite et de survie (veufs et veuves) ; les allocations de chômage ; les allocations liées à la famille dont les allocations familiales; les indemnités de maladie/invalidité ; les allocations liées à l’éducation ; les allocations liées au logement ; l’assistance sociale et d’autres allocations diverses.

[3] Le taux de risque de pauvreté avant transferts sociaux (AROP 22) est quant à lui de 42,2%. Le système de protection sociale (sécurité sociale et aide sociale) est donc un levier important de la lutte contre la pauvreté.

[4] L’enquête SLIC 2018 prend en compte les revenus nets de l’année 2017.

Qu’est-ce que la notion de « pauvreté infantile » recouvre ?

Selon le taux de déprivation des enfants (indicateur européen), un enfant (de 1 à 15 ans) est considéré en situation de déprivation s’il vit  dans un ménage qui ne peut pas, pour des raisons financières, se permettre au moins trois des 17 « biens et services » suivants [1] :

 

  • des vêtements neufs ; 
  • deux paires de chaussures de la même pointure ;
  • des fruits et légumes frais chaque jour ;
  • des protéines chaque jour ;
  • des livres à la maison adaptés à l’âge de l’enfant ;
  • des équipements de loisirs extérieurs (vélo, rollers,…) ;
  • des jeux d’intérieurs adaptés à l’âge de l’enfant ;
  • des activités régulières de loisirs (sports, musique,…) ;
  • des célébrations d’occasions spéciales (anniversaires, fêtes religieuses…) ;
  • l’invitation d’amis à venir jouer et manger de temps en temps ;
  • une semaine en vacances par an ;
  • la participation à des excursions et des fêtes scolaires (payantes) ;
  • remplacer le mobilier usé ; 
  • l’absence d’arriérés de paiement ;
  • l’accès à internet ;
  • un logement adéquatement chauffé ;
  • l’accès à une voiture pour usage privé.

En 2014, 15% des enfants belges peuvent être considérés en situation de déprivation (privé de 3 items) dont 29 % à Bruxelles, 22% en Wallonie et 8% en Flandre. 

Déprivation sévère des enfants (privés de 5 items ou plus) = 9% des enfants belges dont 14% en Wallonie et 22% à Bruxelles (près d’un enfant sur 4), contre 4% en Flandre.

 

[1] Les 12 premiers items concernent directement l’enfant, alors que les 5 autres sont spécifiques au ménage dans lequel il vit.

La pauvreté infantile est donc intimement liée au risque de pauvreté et d’exclusion sociale des parents. Elle ne peut se concevoir sans prendre en compte le contexte de pauvreté du ménage dans lequel l’enfant grandit. La lutte contre la déprivation matérielle et sociale des enfants passe donc avant tout par une amélioration des conditions d’existence des parents. Cependant, un meilleur accès et usage à des services de qualités en matière d’enseignement, de culture, de sport, de loisirs, d’accueil de la petite enfance, sont des leviers pour diminuer l’impact de la pauvreté des parents sur leur(s) enfant(s). Tout comme l’accompagnement des familles dans l’exercice de leur rôle de parentalité est à mobiliser pour garantir la mise en œuvre des droits de l’enfant (droits à l’éducation, aux loisirs, à la participation culturelle...).

Aborder l’impact de la pauvreté sur les enfants ne peut se concevoir sans prendre en compte le contexte de pauvreté de leurs parents. Il est fondamental de pointer l’insuffisance des ressources économiques des parents en situation de pauvreté, et ce, que ces derniers bénéficient d’un emploi ou pas. En effet, disposer d’un emploi protège de moins en moins du risque de devenir pauvre. C’est pourquoi l’augmentation de leurs revenus, la garantie d’accès à des emplois non précaires, l’augmentation du seuil des revenus de remplacement, l’encouragement des mécanismes de solidarité (notamment via la fin du statut cohabitant) ou encore l’automaticité des droits sont autant de mesures qui devraient être favorisées en tout premier ordre. La priorité devrait bien être l’amélioration des conditions de vie des parents pour enrayer la transmission générationnelle de cette pauvreté sur les enfants.